Le président et son chef de gouvernement seront les principaux challengers de la Présidentielle de mai 2024.
La lumière se fait sur la participation de Succès Masra à l'élection présidentielle de mai 2024. Le Premier Ministre tchadien sera sur la ligne de départ le 6 mai prochain. Son investiture par son parti lors d'un rassemblement à N'Djamena, dimanche 10 mars, a marqué un tournant significatif. «Je suis candidat à l'élection présidentielle du 06 Mai 2024 pour servir, réparer les cœurs, réunir les talents et réconcilier le Peuple autour de l'essentiel de justice et égalité afin de libérer les énergies de transformation du Tchad et en faire une terre de protection pour les vulnérables et oubliés de la République ; une terre d'opportunités et de dignité pour chaque Tchadien et Tchadienne ; une terre d'espoir à laisser en héritage pour les nouvelles générations», a-t-il déclaré après son investiture.
Ce choix politique met en lumière un duel électoral imminent entre Succès Masra et le chef de l'État, Mahamat Idriss Déby Itno. Ce dernier, candidat de la coalition pour un Tchad uni, regroupant plus de 200 partis, avait été investi quelques jours plus tôt par le Mouvement patriotique du salut, parti présidentiel.
La décision de Masra de se présenter risque de redéfinir la dynamique de leur collaboration. De retour au Tchad en novembre après avoir fait l'objet d'un mandat d'arrêt international des autorités judiciaires de son pays, Succès Masra a été nommé chef du gouvernement de la transition en janvier, marquant ainsi le début de la 5e République.
Interrogé sur ses ambitions présidentielles lors d'une interview avec un média national, le chef des Transformateurs avait évité la question, laissant planer le doute. Cependant, avec la candidature annoncée de Déby fils, Succès Masra s'est positionné désormais clairement.
Cependant, cette ambition pourrait compromettre la relation entre les deux hommes, le régime tchadien ayant montré à plusieurs reprises son intransigeance envers les opposants politiques. Lui-même a fait déjà les frais de son opposition radicale en s'exilant après les manifestations meurtrières d'octobre 2022. Il n'est rentré à la faveur d'un accord facilité par le président congolais Félix Thshisekedi.
Il s'y ajoute qu'au Tchad, avoir des ambitions présidentielles n'a pas été de tout repos pour les opposants. Le récent décès de Yaya Dillo, cousin du président, lors d'un assaut des forces de sécurité tchadiennes, reste encore vif dans les mémoires. Leader du Parti socialiste sans frontière, Dillo n'avait pas déclaré sa candidature, mais son parti avait évoqué la possibilité de sa participation à l'élection présidentielle de mai. Les circonstances de sa mort ont suscité des appels à une enquête indépendante, soulignant les enjeux entourant le processus électoral au Tchad.
I-Sahel
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