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Photo du rédacteurInfos du Sahel

Au Sénégal, la révolte des « sages » du Conseil constitutionnel





Le 6 mars restera gravé dans les mémoires des Sénégalais comme une journée pleine de rebondissements politiques. Alors que les députés étaient à l'Assemblée nationale pour examiner un projet de loi d'amnistie générale visant à effacer tous les crimes liés aux manifestations politiques de février 2021 à février 2024, le Conseil constitutionnel a pris des décisions cruciales.


Saisis d'un côté par une partie des candidats à la Présidentielle et de l'autre par le président de la République, les juges constitutionnels ont tranché.


Sur la saisine du chef de l'État sénégalais, Macky Sall, les sept « sages » ont déclaré que la tenue des élections ne peut se faire au-delà du 2 avril. De plus, ils ont affirmé que seuls les 19 candidats retenus participeront à ces élections, alors que le dialogue auquel le président Sall avait convié les acteurs politiques et membres de la société civile plaidait pour un réexamen des dossiers de certains candidats recalés. Le Conseil constitutionnel a également souligné que le prolongement du mandat présidentiel au-delà du 2 avril est anticonstitutionnel.


En réponse à la requête des 16 candidats qui demandaient une date précise pour la Présidentielle, le Conseil a convoqué le corps électoral au 31 mars.


Cependant, après avoir pris connaissance de la réponse des juges constitutionnels, Macky Sall a également choisi une date pour le scrutin, initialement fixé au 25 février. Le chef de l'État sénégalais a informé le Conseil des ministres de la tenue de l'élection au 24 mars.



Pour de nombreux observateurs, cette double datation ne fait qu'ajouter à la polémique. Une partie de la presse sénégalaise estime que cela reflète un conflit ouvert entre le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire.


Il est à rappeler qu'à la date du 15 février, le Conseil constitutionnel avait déjà annulé le report décidé par l'Assemblée nationale, après que le président Sall eut révoqué le décret convoquant le corps électoral au 25 février. Dans le même temps, les juges avaient demandé à l'autorité de fixer une date du scrutin. Au lieu de cela, Macky Sall a appelé à un dialogue qualifié de dilatoire par l'opposition. Finalement, c'est le Conseil constitutionnel qui a poussé le chef de l'exécutif jusqu'à ses derniers retranchements.


L'attitude des sages est qualifiée par certains observateurs de radicalisation des juges, qui se sont sentis "outrés" par l'accusation de corruption émanant du Parti démocratique sénégalais, dont le candidat, Karim Wade, a été recalé pour double nationalité. Ils le sont d'autant que la commission d'enquête parlementaire visant à faire la lumière sur ces accusations serait un mort-né si la majorité n'avait pas soutenu sa mise en place initiée par les libéraux. D'ailleurs, l'un des deux juges accusés a porté plainte.


I-Sahel

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