Burkina : Revenu du front après des mois de réquisition, Dr Arouna Louré ne range pas sa langue

Plusieurs personnalités critiques du régime de la transition, particulièrement des membres de la société civile, ont été requisitionnés pour servir de Volontaires pour la défense de la patrie.

Le médecin anesthésiste-réanimateur, Dr Arouna Louré est de retour parmi les siens. Il avait réquisitionné par les actuelles autorités de Ouagadougou pour se rendre au front. Versé dans les effectifs de l’armée depuis septembre, le technicien de santé n’a été « libéré » qu’en décembre. Donc, il aura fait au moins trois mois de service militaire même s’il a été par le Commandement des opérations du théâtre national (COTN) qu’il a été mobilisé pour « assurer le service médical au front au profit du Douzième Régiment d’Infanterie Commando (12RIC) à Ouahigouya, dans le cadre de ses missions et opérations de sécurisation du territoire national ».

Pour le Dr Louré, « cette épreuve de vie vient participer à la formation de l’homme que je suis, afin de le bonifier ». « Elle renforce ma conviction selon laquelle le socle pour bâtir une nation de paix et de prospérité reste et demeure l’Etat de droit », fait-il savoir, soulignant que « ce périple m’a donné le temps nécessaire pour approfondir mes connaissances sur les guerres de contre-insurrection ». « Cela vient conforter ma position que l’option du tout militaire reste et demeure la moins bonne réponse », se convainc l’anesthésiste qui ne semble rien perdre de sa verve contre le régime d’Ibrahim Traoré.

Un mois avant son enrôlement forcé dans l’armée pour combattre les groupes jihadistes qui écument le Burkina depuis près d’une décennie, le médecin écrivait qu’il « est trop tard pour le régime Traoré de pouvoir rectifier les choses ». À l’en croire, « le peuple donnera tous ses biens pour l’effort de guerre (institutionnalisé) et des années au régime, que cela ne serve à rien, sinon qu’enrichir certains, car la stratégie n’est pas bonne ».

Après cette « épreuve » durant laquelle il dit n’avoir ni « gémi », ni « pleuré », l’anesthésiste dit avoir fait sienne la « lutte pour la bonne gouvernance », un « combat sans relâche » pour « rompre le cercle vicieux dans lequel nous sommes depuis des lustres ». Il précise cependant n’avoir pas prime sa plume ce mercredi 13 décembre pour « défier qui que ce soit ». « J’écris pour avoir la conscience tranquille envers les générations futures et jouer ma partition dans l’édification de mon pays que j’aime tant », précise-t-il.

En avril dernier, le président de la transition a signé le décret portant mobilisation générale d’une durée d’un an, permettant de réquisitionner des jeunes de 18 ans et plus pour lutter contre les groupes jihadistes. Plusieurs personnalités critiques du régime de la transition, particulièrement des membres de la société civile, ont été enrôlés de force pour servir de Volontaires pour la défense de la patrie (VDP). Le Département d'Etat américain a dénoncé, mardi 12 septembre, cette pratique des dirigeants burkinabè et a appelé à l'ouverture d'enquêtes impartiales sur les allégations d'exactions contre les civiles par les forces armées régulières.

I-Sahel