Kayes, nouveau front : le JNIM teste la résilience de Bamako
- Infos du Sahel
- 11 sept.
- 2 min de lecture
Les Forces armées maliennes (FAMA) ont lancé ces derniers jours une série d’opérations offensives dans la région de Kayes, à l’ouest du pays, en réaction aux nouvelles pressions exercées par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié à al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Ces opérations visent à sécuriser les axes stratégiques et à garantir l’approvisionnement de Bamako, alors que les jihadistes cherchent à imposer un blocus économique.
Le 3 septembre, le porte-parole du JNIM, Abou Hamza al Bambari, a annoncé que les villes de Kayes et de Nioro du Sahel étaient placées sous blocus. Selon cette déclaration, les transports en commun et les convois commerciaux ne devaient plus desservir ces localités. Le lendemain, plusieurs camionneurs sénégalais ont été retenus brièvement avant d’être relâchés, illustrant la volonté du groupe de perturber les échanges avec le Sénégal, fournisseur essentiel pour l’économie malienne.
Face à cette menace, l’armée malienne a rapidement réagi. Dans ses communiqués publiés les 9, 10 et 11 septembre, l’État-major général des armées a fait état de plusieurs opérations de grande ampleur. Parmi elles figure la localisation et la destruction d’une base terroriste dans la forêt du Baoulé, qui a entraîné la neutralisation de plusieurs dizaines de combattants.
Les FAMA rapportent également l’arrestation de suspects en possession de dizaines de téléphones portables, considérés comme des instruments essentiels pour la communication et la coordination des cellules armées. Ces saisies visent à perturber les réseaux logistiques et organisationnels des groupes jihadistes opérant dans la zone.
Dans le même temps, l’armée a assuré des missions d’escorte afin de sécuriser les convois de ravitaillement. Le 10 septembre, un convoi composé de camions-citernes et de poids lourds en provenance du Sénégal a pu rejoindre le Mali sous protection militaire. Cette opération a permis de garantir l’arrivée de carburant et de marchandises vitales pour la capitale, réduisant l’impact du blocus annoncé par les jihadistes.
Ces initiatives illustrent la volonté des autorités maliennes de contrer la stratégie d’étouffement économique mise en œuvre par le JNIM. Toutefois, les analystes soulignent que le groupe armé conserve une forte capacité de résilience et d’adaptation. Les expériences passées montrent que les jihadistes sont capables de se réorganiser rapidement et de multiplier les attaques dans des zones nouvelles pour maintenir la pression.
En cherchant à étendre leur influence vers l’ouest, les groupes armés terroristes tentent de fragiliser davantage le Mali, déjà confronté à une insécurité persistante dans le centre et le nord. La région de Kayes, jusque-là relativement épargnée par la crise sécuritaire, apparaît désormais comme une cible privilégiée dans la stratégie d’encerclement du JNIM.
Les récentes opérations des FAMA représentent ainsi une réponse nécessaire et ponctuellement efficace. Mais la véritable question reste celle de la durabilité : maintenir la pression militaire dans le temps, tout en garantissant la sécurisation des approvisionnements, constitue un défi majeur pour Bamako face à des adversaires qui cherchent à exploiter les vulnérabilités économiques du pays pour le plonger dans le chaos.
I-Sahel
Commentaires