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Dénonciation des accords militaires avec Washington : les raisons de Niamey

Les Américains disposent d'une base de drones dans le nord du pays.





Comme il l’a fait avec la France, le gouvernement du Niger a dénoncé, avec effet immédiat, les accords de coopération militaire qui le lient avec les Etats-Unis. La décision a été annoncée samedi 16 mars par les autorités de Niamey dans un communiqué lu par le porte-parole du gouvernement, le colonel-major Amadou Abdramane.


Les griefs de Niamey


Niamey qui annonce qu’une « correspondance diplomatique sera adressée à la partie américaine », argue que la coopération entre les deux pays en matière de lutte contre le terrorisme ne repose sur aucune base légale et « viole toutes les règles constitutionnelles qui voudraient » que le Niger soit consulté pour une l’installation d’une armée étrangère sur son territoire. Or, le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) dirigé par lé général Abdourahamane Tiani, dit avoir constaté que « c’est par simple note verbale » en date du 6 juillet que les Américains ont « unilatéralement imposé au Niger un accord relatif au statut du personnel militaire des Etats Unis et des employés civils du département américain de la Défense » sur son territoire. Pour le CNSP, « cet accord est non seulement profondément injuste dans son fond, mais également ne répond pas aux aspirations et aux intérêts du peuple nigérien » en ce qu’il le « contrait à payer des factures liées aux taxes des avions militaires américains », coutant des « milliards au contribuable nigérien ».


De même, Niamey affirme n’avoir « aucune information sur les activités militaires menées à partir des bases américaines au Niger et ignorent jusqu'aux effectifs civils et militaires, ainsi que le matériel américain déployé sur le sol nigérien ». Les autorités nigériennes ont-elles aussi dénoncé l’absence d’obligation de l’armée américaine « d’accéder aux demandes nigériennes d’appui contre les groupes terroristes » qui sévissent dans le pays.


A cela, s’est ajouté la décision de Washington de suspendre sa coopération avec le Niger suite au coup d’Etat du 26 juillet contre Mohamed Bazoum. Les autorités nigériennes ajoutent avoir également constaté depuis quelques semaines, des « activités illégales de survol de son territoire par des aéronefs américains et qui se sont de nature à s’interroger sur la sincérité de leur partenariat et la pertinence du maintien de l’accord de coopération militaire imposé par note verbale ».


Condescendance américaine


Il faut noter que cette décision de rompre la coopération militaire avec les Etats-Unis fait suite à une visite, les 12, 13 et 14 mars à Niamey, d’une délégation américaine dirigée par le sous-secrétaire aux affaires africaine, Molly Phee. Un séjour dont aussi bien la forme que le fond n’ont pas agréé les autorités nigériennes.


« Sur la forme, l'arrivée de la délégation américaine n'a pas respecté les usages diplomatiques. En effet, c'est de façon unilatérale, par note verbale, que le gouvernement américain a informé le gouvernement nigérien de la date d'arrivée et de la composition de sa délégation, ainsi que les autorités nigérianes à rencontrer, sans précision aucune quant à l'objet de sa visite. C'est donc par courtoisie et suivant nos traditions millénaires d'accueil et d'hospitalité que le gouvernement a reçu la délégation américaine », ont dénoncé les dirigeants nigériens.



S’agissant du fond, les discussions qui ont porté sur la transition militaire en cours, la coopération entre les deux pays et au choix des partenaires du Niger ont révélé de profonds désaccords entre les deux parties. Les maitres de Niamey ont été surtout outrés par ce qu’ils considèrent comme une « attitude condescendante assortie de la menace de représailles de la cheffe de la délégation américaine vis-à-vis du gouvernement et du peuple nigérien » au sujet du « droit » du Niger de choisir ses partenaires dans la lutte contre le terrorisme.


La Russie et l'Iran, le nœud de la discorde


Dans sa communication, le colonel-major Amadou Abdramane a rappelé que sur la coopération avec la Russie et l’Iran qui inquiète les américains, le CNSP n’a rien à se reprocher. « S'agissant des cas précis de la Russie et de l'Iran (...) le gouvernement tient à porter à la connaissance du peuple nigérien et de tous les peuples de la communauté internationale qu’il n'a jamais signé d'accord secret avec ces pays partenaires. Tous les accords signés par le Niger depuis l'avènement du CNSP respectent le droit international et les règles de transparence », précise-t-il. notant qu''il n'y a aucun accord secret avec l'Iran sur l'uranium comme le prétend la cheffe de la délégation américaine.


« Quant à la Russie, il s'agit d'un partenaire avec lequel le Niger traite d'État à État, conformément aux accords de coopération militaire signés avec le gouvernement antérieur pour acquérir le matériel militaire nécessaire à sa lutte contre le terrorisme qui a fait des milliers d'innocentes victimes nigérians, sous l'œil indifférent d'une bonne partie de la communauté internationale », poursuit le porte-parole du gouvernement.


Cette décision du Niger de mettre fin aux accords militaires avec les Etats-Unis qui disposent d'une base de drone à Agadez dans le nord, rappelle celle intervenue il y a quelques mois, consistant à demander à la France de plier bagage après que Paris s’est montré favorable à une intervention militaire de la CEDEAO pour rétablir l’ordre constitutionnel.


I-Sahel

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