L’Etat islamique au Sahel aurait perdu un membre important dans une frappe de l’armée malienne dans la région de Ménaka.
L’Etat islamique au Sahel (EIS) a-t-il perdu un membre important le 26 novembre dernier dans la région de Ménaka, dans le nord du Mali ? Le même jour, l'armée malienne a affirmé avoir « repéré » et « détruit » un véhicule appartenant aux terroristes « venus se ravitailler dans le village d'Ikadewane, à 65 kilomètres au nord de Ménaka », sans plus de détails.
Moussa Ag Acharatoumane a assuré que les FAMA ont neutralisé Alwan Ould Chogaïb. Sur X (anciennement Twitter), le secrétaire général du Mouvement pour le Salut de l’Azawad (MSA) et membre du Conseil national de transition, l’organe législatif de la transition malienne, a précisé que le défunt était un cadre important de l’EIS et était l’aîné de la fratrie à laquelle appartiennent les nommés Yusuf Ould Chogaïb dit Aboul Bara al Sahraoui et Dadi Ould Chogaïb ou Abou Darda. Des informations obtenues par I-Sahel évoquent le nom de Khalid Ould Chogaïb comme la victime des drones de l’armée.
Dans tous les cas, différentes sources assurent qu’il s’agit d’un membre influent de l’EIS issu de la famille Ould Chogaïb implantée dans la localité d’Inaraban, au sud-ouest de Ménaka. Selon Moussa Ag Acharatoumane, c’est le point focal ou le passage obligé de tous les jihadistes étrangers de l’EIS. Quant aux membres de cette famille, l’ex-rebelle fait savoir qu’ils sont « la tête pensante du groupe » et planifieraient toutes les attaques contre les militaires et les civils dans la région.
Difficile de douter de ce statut et pour preuve, en 2021, précisément au mois de juin, Dadi Ould Chogaïb a été arrêté par les forces françaises de Barkhane parties du Mali depuis 2022, dans une opération visant particulièrement les leaders de l’EIS. Depuis, le jihadiste aurait repris du service après sa libération, en même temps qu’un certain Oumeya Ould Albekaye, lui aussi cadre de la filiale de l’Etat islamique au Sahel, en juillet dernier par les autorités maliennes issues du coup de force de mai 2021. S’agissant de son frère Yusuf Ould Chogaïb alias Aboul Bara Al-Sahraoui, des rumeurs ont couru en mars 2022 à son compte le décrivant comme le successeur d’Adnan Abou Walid al Sahraoui à la tête de l’EIS, neutralisé par Barkhane en août 2021 dans le sud de la région de Ménaka, non loin de la frontière nigérienne. Car, Aboul Bara Al-Sahraoui, en réalité cadi du groupe, aurait participé, en mars 2022, à la campagne qui a permis à l’EIS de reprendre un nouveau souffle après avoir perdu bon nombre de ses décideurs en 2021. C’est d’ailleurs dans cette période qu’un nombre important de civils, plusieurs centaines selon l'Organisation des Nations Unies, ont été tués dans la région de Ménaka, coïncidant avec l’érection du Sahel comme une « province » à part entière de l’Etat islamique alors qu’il était sous l’aile de la province de l’Afrique de l’Ouest dirigé par un « walid » (gouverneur) nigérian. Suite à cette « promotion », le groupe s’est développé et administre des territoires dans cette partie du Mali qui échappe de plus au contrôle des autorités.
Sous cet angle, l’élimination d’un membre de la famille qui a participé à la renaissance d’un groupe jihadiste aussi dangereux que l’Etat islamique, peut être analysée comme un succès pour l’armée malienne.
Cependant, l'histoire récente du terrorisme international a montré que la mort de leaders jihadistes ne met pas toujours fin aux activités de l'organisation, et de nouveaux dirigeants peuvent émerger. En 2011, les Américains ont tué le responsable des attentats du 11 septembre 2001, le chef d’Al-Qaida, Oussama Ben Laden au Pakistan. Mais cette victoire qui a contribué à la réélection de Barack Obama en 2012, n’a pas mis fin pour autant aux activités de l’organisation jihadiste. D’ailleurs, c’est sous le magistère du successeur d’Oussama Ben Laden, Aymen Al Zawahiri que le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM), une coalition de mouvements jihadistes sahéliens affiliés à Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) a vu le jour, sous la direction du Malien Iyad Ag Ghali. De même, c’est après la mort d’Abou Bakr al-Baghdadi que l’EIS a été érigé en province englobant le Sahel et les pays du Golfe de Guinée.
I-Sahel
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