L’information fait déjà grincer des dents dans plusieurs capitales ouest-africaines.
Après avoir relâché plus de deux cents membres et sympathisants du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM) il y a trois ans, les autorités maliennes récidivent en libérant deux chefs jihadistes. Selon plusieurs sources sécuritaires, il s’agit d’Oumeya Ould AlBakaye et de Dadi Ould Chogib alias Abou Darda.
Qui sont-ils ?
Ould AlBakaye a été arrêté en juin 2022 par l’armée française, alors sur le départ au crépuscule des relations diplomatiques entre Paris et Bamako. Pris à la frontière avec le Niger, ce jihadiste, cadre de l’État islamique, lieutenant d'Aboul Hakim Al Sahhraroui jusqu'à la mort de ce dernier suite à une maladie, était décrit par l’Etat major de l’armée française comme le « planificateur de plusieurs attaques contre différentes emprises militaires au Mali, dont celles de Gao ». À la tête des réseaux de mise en œuvre d’engins explosifs improvisés, selon l’armee française, il était aussi responsable d’un grand nombre d’exactions et d’actions de représailles de l’Etat islamique au Sahel. Ce pédigrée faisait de lui une prise de grande valeur pour les Français qui n’avaient pas tardé à le transférer aux Maliens comme le voulait, à l'époque, la procédure.
Une année plus tôt, les Français mettaient hors d’être de nuire le nommé Dadi Ould Choghib alias Abou Darda. Lui aussi cadre de l’Etat islamique, il a été rendu célèbre par la mutilation de deux hommes dans la région de Gao en mai 2021. Le parcours de ce frère de Youssef Ould Chougib, un cadi de l’Etat islamique considéré un moment comme l’émir de ce groupe rival du GSIM après la mort de son fondateur Adnan Abou Walid Al Sahraoui en août 2021 dans une opération de l’armée française au Mali, est atypique. Déjà arrêté en 2014, de l’échange de prisonniers entre Bamako et du GSIM auquel pourtant il n’appartient pas, pour recouvrer la liberté. L’État islamique et le GSIM se livrent une guerre sans merci dans le Sahel. Mais au moment de son arrestation, il était dans la sphère AQMI. Ce n’est qu’une année plus tard, en 2015 qu’une frange d’Almourabitoune, a fait allégeance a l’Etat islamique.
Le Mali veut souffler
La libération de ces ténors eu jihad au Sahel par les autorités de la transition malienne serait motivée par la recherche d’une trêve avec les jihadistes de l’EIS. Ces derniers mois, le groupe constitue l’une des menaces les plus importantes dans le nord où l’Etzt cherche à redéployer ses troupes à la veille d’importantes élections dont la présidentielle prévue en 2024. D’autres sources évoquent un échange de prisonniers.
Dans tous les cas, cette nouvelle libération de jihadistes par Bamako risque de faire des mécontents dans le proche voisinage où on a du mal à contenir les assauts jihadistes et leurs lots de morts. Au Burkina, on craint que la libération d’Ould AlBakaye connu pour avoir été actif dans l’Oudalan dans la région du Sahel ne participe à dégrader la situation sécuritaire dans cette zone. D’un autre côté, le GSIM peut y percevoir une manière pour Bamako de l’isoler et pourrait en conséquence multiplier ses opérations au Mali.
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