I-Sahel a tenté de vérifier cette « information » véhiculée par des comptes très suivis sur les réseaux sociaux.
Rien ne va plus entre l’Algérie et le Mali. Bamako et Alger semblent même au bord de la rupture diplomatique. Tout est parti d’un communiqué du ministère malien des Affaires étrangères, affirmant avoir convoqué mercredi 20 décembre l’ambassadeur de la république algérienne pour élever une vive contestation suite aux « récents actes inamicaux posés par les autorités algériennes », notamment les rencontres récurrentes aux niveaux les plus élevés en Algérie et sans la moindre information ou implication des autorités maliennes, d’une part et avec des personnes connues pour leur hostilité au gouvernement et avec certains mouvements signataires de l’Accord pour la paix et la Réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, ayant choisi le camp des terroristes, sont des actes à entacher les bonnes relations entre les deux camps.
Le lendemain, Alger a rendu à Bamako la monnaie de sa pièce en convoquant l’ambassadeur malien, Mahamane Amadou Maïga pour rappeler de « manière appuyée » que toutes les « contributions de l’Algérie à la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité du Mali ont toujours reposé sur l’attachement intransgressible à l’intégrité, à la souveraineté et à l’Unité du Mali ». Pour Alger, la voie pacifique est « la seule apte à garantir la paix, la sécurité et la stabilité de manière irréversible et durable ».
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Non satisfaites de répondre à leurs homologues maliennes, les autorités algériennes franchissent un palier en rappelant l’ambassadeur algérien en poste à Bamako. La junte malienne ne se fait pas prier pour rappeler à son tour son représentant en Algérie, donnant un sacré coup aux relations diplomatiques entre les deux pays. C’est dans ce contexte où les nerfs sont tendus que des comptes ont véhiculé l’information selon laquelle les ressortissants maliens en Algérie sont menacés d’expulsion. La frontière entre les deux pays est longue de plus de 1300 kilomètres.
Suivi par plus de 3000 personnes sur Facebook, « Tom La Souris » affirme que les rapatriements devraient commencer début janvier, sans en donner la source. « L’information » est peu commentée, mais ne manque pas de susciter inquiétude chez certains de ses « followers ». I-Sahel, dans le souci de vérifier cette information, a tenté d’entrer en contact avec l’administrateur de cette page. « C’est un malien de l’Algérie qui m’a informé », a-t-il servi à I-Sahel, ajoutant qu’ « actuellement les passeports maliens ne sont plus valables aux frontières », sans apporter les preuves de ses allégations. Il s’accroche juste que « des dizaines de maliens soient entre les mains des autorités algériens », en dépit du fait qu’ils détiennent de « passeports à jour. »
Mais vérification faite, la mesure concernant le passeport malien n’est pas une conséquence de la brouille récente entre Alger et Bamako. Selon des sources sécuritaires, l'insecurité qui prévaut dans le nord malien a décidé depuis quelques années les autorités algériennes à être plus regardantes sur les detenteurs de passeports maliens. En 2017, les dirigeants des deux pays avaient amorcé des discussions sur l’imposition d’un visa aux citoyens maliens pour entrer sur le territoire algérien. Ce, afin de mettre un frein au trafic de passeports maliens qui avait cours à l’époque à la frontière avec l’Algérie. C’est dire que l’argument de la mésentente entre les deux pays n’est pas à l’origine de l’invalidité des passeports à la frontière.
I-Sahel s’est également entretenue avec une journaliste algérienne qui a balayé d’un revers de main la menace d’expulsion qui pèserait sur des ressortissants maliens. « C’est faux. C’est de la propagande », a répondu la consœur. Aussi, aucun document officiel, en tout cas jusqu’à ce que nous mettions sous presse, n’atteste de l’existence de cette « décision ».
Il faut cependant noter que des ressortissants d'Afrique-subsaharienne, notamment des candidats à la migration, font souvent l'objet d'expulsion du territoire algérien.
I-Sahel
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