Mali : Que faut-il comprendre de la sortie du jihadiste Iyad Ag Ghaly ?

Leader du GSIM, Iyad AG Ghali est apparu dans une nouvelle vidéo de 22 minutes. L'analyse d'I-Sahel.

Depuis un certain temps, la nouvelle vidéo de Iyad Ag Ghaly diffusée par « Az-Zallaqa», l’agence de propagande du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM) ou JNIM (acronyme arabe du groupe), défraie la chronique. C’est la première apparition du chef jihadiste en moins d'un an. Comme à son habitude, il a allié menaces et mises en garde non sans émettre des avis sur des sujets d'actualité.

Le moins que l’on puisse dire c’est que cette vidéo a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Donné pour mort par certains et très malade par d’autres, le chef de la branche sahélienne d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), Iyad Ag Ghaly a fait cette sortie pour d’abord montrer qu’il est vivant et qu’il est toujours à la tête du GSIM. C’est d’ailleurs la première fois qu’il s’exprime depuis l’annonce de la création de cette coalition de groupes jihadistes alliés à Al-Qaïda, en mars 2017. Il était juste apparu en 2021 dans des rassemblements avec des jihadistes libérés en octobre 2020 en échange de feu Soumaïla Cissé (l’ancien chef de file de l’opposition malienne) et trois ex-otages occidentaux dont la Française Sophie Pétronin.

En janvier dernier, il avait été également aperçu dans une vidéo supposément tournée à Menaka, à l'occasion de concertations avec des notables de la tribu des Daoussahak de cette region du nord en vue d'une alliance.

Certes, la date d’enregistrement de cette nouvelle vidéo d’Iyad Ag Ghaly n’a pas été dévoilée. Toutefois, il y évoque des événements très récents. En plus, le marqueur du temps de son discours indique la 9e semaine du déclenchement de la guerre israélo-palestinienne dans la bande de Gaza, le 7 octobre dernier. Ce qui correspond à la semaine du 14 décembre dernier. Il a également proféré des menaces contre les Etats membres de l’Alliance des États du Sahel (Mali, Burkina Faso et Niger). Dans ce sillage, il a aussi fait allusion aux récentes attaques terroristes menées dans certains pays de l’AES menaçant de les intensifier.

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Il a aussi promis de s’en prendre aux « paramilitaires de Wagner » qu’ils accusent de se livrer à « des exactions » contre les populations en accord avec les dirigeants des pays cités plus haut. Pour lui, en 10 ans de présence et malgré le soutien apporté par une soixantaine d’Etats, la France a échoué. Promettant le même sort à la Russie. Les mêmes menaces, il les a également adressées au rival de son groupe à savoir l’Etat Islamique au Grand Sahara (EIGS). Des menaces qui sonnent comme des appels du pied lancé pour recruter et embrigader de nouveaux adhérents au GSIM.

Par ailleurs, il a aussi avoué de façon à peine voilée ne pas partager le même combat que les séparatistes du nord malien, même si des sources estiment qu’ils peuvent être des alliés circonstanciels. Il a aussi rejeté le dialogue auquel ont appelé certaines personnalités en citant le Premier ministre Choguel Maïga en réaffirmant la poursuite de son combat pour instaurer « la Charia». Dans la même dynamique, il a aussi félicité les notabilités et imams de Bamako, sans les nommer, pour avoir réclamé le retrait de la notion de la laïcité de la nouvelle constitution.

La diffusion de cette vidéo intervient quelques jours après que la justice malienne a annoncé, mardi soir 28 novembre, l’ouverture d’une enquête visant des chefs locaux d’Al-Qaida, dont Iyad Ag Ghaly et des séparatistes pour notamment « actes de terrorisme, financement du terrorisme et détention illégale d’armes de guerre ».

Des menaces et mises en garde à prendre au sérieux, d’autant qu’avec les récentes attaques menées au Mali, au Burkina Faso et au Niger, le JNIM prouve que sa capacité de nuisance est intacte. Sans compter que la compétition à laquelle ce groupe et son rival de l’Etat Islamique ne concerne pas que les attaques qu’ils se lancent mutuellement mais aussi et surtout celles menées contre les forces armées ainsi que les populations civiles.

I-Sahel